"La défiance est mère de sûreté".
Aristophane (-450 / -386)

 

Au-delà du jeu sur les mots

 

S'il est manifeste que la pose accélérée de caméras dans les lieux publics s'est faite sous l'appellation de "video-surveillance", c'est parce qu'il s'agissait "de donner des yeux supplémentaires et des enregistrements" aux forces de l'ordre, leur permettant ainsi de surveiller une plus grande surface avec des effectifs constants.

La rapidité d'intervention des forces de l'ordre comme des secours ne s'en trouvant que faiblement affectée puisque déjà sur place, ou familière des lieux.

 

Là où le vocable prend toute son importance, c'est dans des lieux "fermés" et qui plus est, pas forcément public au sens premier du terme.

Si nous prenons par exemple la problématique des parkings souterrains qui peuvent être public, privé ou faire l'objet d'une délégation de service et qui sont par définition ouverts H24/365J.

La présence humaine d'agent de surveillance / protection n'est plus assurée que de jour. Dans quelle mesure peut-on alors parler de vidéo-protection si ce n'est de vouloir faire croire que la présence de caméra dissuadera des personnes mal intentionnées !

La part des parkings vidéosurveillés à distance la nuit va croissante. Il n'y a plus personne sur place qui connaisse parfaitement les lieux ainsi que les recoins. S'il se passe quoique ce soit, avant que les secours ou les forces de l'ordre n'arrivent, il se passera des dizaines de minutes.

Pour un vol de véhicules ou des dégradations sur des véhicules, la vidéo apportera certes la preuve du vol ou de la dégradation par autrui ce qui n'apporte, in fine, que peu de chose au traitement du litige entre assureurs. La probabilité d'identifier les personnes à partir des caméras est relativement faible dans la mesure ou en général cagoules et gants sont de mise. Peu de voleurs ou de casseurs utilise leur carte bleue pour pénétrer dans ces enceintes afin de se livrer à de tels faits.

Pour un vol avec violence, il faut prendre en considération deux aspects : la personne et le véhicule.

Si le propriétaire du véhicule est sévèrement mal traité, les secours arriveront-ils à temps dans un endroit qu'ils ne connaissent pas parfaitement ?

Pour le vol du véhicule, les motivations du vol sont primordiales : s'il s'agit de revente du véhicule, le véhicule devra pouvoir sortir du garage sans rayure.

Si les motivations sont toutes autres, dans quels système le prestataire a-t-il investit pour empêcher un véhicule volé "sous ses yeux" de sortir du parking. Ces systèmes résisteront-ils à une voiture bélier ? A la conjonction de l'application de règles de sécurité ET de sûreté ?

 

Autant de questions complexes à se poser avant de fréquenter ce genre d'endroits avec des voitures recherchées d'une part ; d'autre part, l'attention portée à ces problématiques devrait rapidement vous mener à une évaluation relativement précise de la marge du prestataire sur le prix que vous payez pour sortir de ces endroits. Face aux garanties qui vous sont apportées...

 

Maintenant, si nous appliquons la même approche à la mise en sûreté d'installations portuaires, aéroportuaires ou à des bâtiments publics sensibles tels que sous-préfecture, préfecture, hôtel des impôts, commissariat de police... les enjeux humains et financiers sont gigantesques et les moyens financiers...

 

A méditer :

Selon Edgar MORIN, sociologue et philosophe français, "la vie est une aventure aléatoire" en ce sens que l'excès de sécurité tue la liberté.
Les contrôles dans les aéroports sont réalisés de manière bureaucratique. On ne tient pas compte des phénomènes psychologiques. Le contrôle dans la rue au faciès, par exemple, aboutit sous prétexte de sécurité, à des attitudes racistes. Il n'est pas possible d'envisager des mesures de sécurité absolue ou alors cela signifierait la fin de toute vie privée, de toute intimité. II faut accepter un minimum de risques. C'est le risque de la vie humaine. Nous devons vivre dans un monde où nous devons affronter les incertitudes, apprendre à affronter le risque de la vie, de la mort, de l'amour, de la vie professionnelle ... On n'élimine pas le risque de la vie . La vie est une aventure aléatoire.

 

A Marseille, on a volé un parking !

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